Faire de gros bénéfices et licencier du personnel : le jeu pervers des places boursières
Marc BOLLAND, député wallon, propose une action concrète et efficace : renforcer les protections légales des travailleurs
Les entreprises côtées en bourse sont constamment examinées par les analystes : ceux-ci font la pluie et le beau temps sur le marché des actions. Trop souvent, le fait de licencier du personnel est interprété par eux comme « un allègement des coûts » et donc un espoir d’augmentation des bénéfices.
C’est moralement inacceptable.
Mais le comble, c’est que, dans certains cas, (comme le cas d’INBEV actuellement), des entreprises qui font déjà de plantureux bénéfices en veulent encore plus et licencient.
C’est la folie de la logique de la spéculation boursière.
Ces situations sont inacceptables.
Inacceptables moralement car elles font payer le prix fort aux travailleurs, qui ont par leur travail, contribué au développement de l’entreprise et assuré les bénéfices des actionnaires. Mais aussi inacceptables sur le plan économique : en faisant cela, les entreprises se privent de leurs capacités ; et sur le plan macro économique, elles provoquent globalement un assèchement du pouvoir d’achat et donc, une contraction de la demande qui ne pourra que leur être préjudiciable à moyen terme. Henry Ford (qui n’était pas particulièrement un homme de gauche) disait : « j’augmente les salaires de mes ouvriers pour qu’ils m’achètent des voitures ! »
Il faut mettre en place des outils freinant de telles pratiques.
Une piste est le renforcement de la défense des travailleurs en cas de licenciement.
Aujourd’hui, dans notre droit, un travailleur peut être licencié, moyennant une indemnité de préavis.
Dans certains cas, par exemple, celui des travailleurs « protégés » (délégués syndicaux, etc.), la loi prévoit des indemnités plus importantes.
Il est donc possible, dans notre droit, de protéger les travailleurs au service d’entreprises qui font des bénéfices.
Techniquement, il convient donc de lier le niveau de l’indemnité de préavis à la hauteur des bénéfices : plus l’entreprise fait des bénéfices, plus il est coûteux pour elle de licencier du personnel.
Cette piste ne résoudra pas tous les problèmes mais elle pourra freiner efficacement les dérives actuelles en faisant réfléchir ceux qui seraient tentés par ces stratégies injustifiables.
Annexes : Des bénéfices ? Un plus gros préavis ! – La Meuse 22/01/10