Les contrôles des émissions de C02 au sein des aéroports wallons
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Session : 2010-2011
- Année : 2010
- N° : 10 (2010-2011) 1
Question écrite du 24/09/2010
- de BOLLAND Marc
- à ANTOINE André, Ministre du Budget, des Finances, de l’Emploi, de la Formation et des Sports
Suite à l’intensification du trafic aéronautique au sein des aéroports wallons, ces derniers émettent par nature une quantité non négligeable de C02.
Je souhaiterais que Monsieur le Ministre m’éclaire sur les points suivants.
Comme il le sait, la Région wallonne adhère au protocole de Kyoto et donc à toute une série d’obligations internationales en la matière. Monsieur le Ministre peut-il me faire savoir si les aéroports wallons sont en ordre selon les différents critères émis?
Y a-t-il à son niveau des mesures en cours afin d’aider les aéroports à être moins polluants?
Quel est le niveau de nos aéroports par rapport à des situations similaires au niveau national, européen et international en ce qui concerne les émissions C02 ?
Serait-il raisonnablement d’envisager une neutralité des aéroports wallons en matière d’émission C02 et, si oui, dans quel délai?
Réponse du 17/11/2010
- de ANTOINE André
Il y a lieu de distinguer les émissions des activités aériennes et celles des activités des aéroports.
Le Protocole de Kyoto sera élargi aux activités aériennes à partir de 2012. Dès ce moment, les compagnies aériennes atterrissant ou décollant d’un aéroport belge seront soumises aux quotas d’émission de GES selon les règles validées par l’Union européenne.
Sans attendre 2012, les émissions des activités aériennes sont déjà réduites grâce à la flotte récente des avions atterrissant ou décollant sur les aéroports wallons. Les nouveaux avions émettent moins de CO2 par kilomètre parcouru. En outre, nos aéroports desservent généralement des destinations sans escale. Or, l’on sait que près de 50 % des émissions de GES sont constatées au décollage.
C’est dans ce contexte également qu’en 2006, je m’étais opposé aux vols de courte distance sous forme d’escales entre aéroports, dits « sauts de puce », lesquels ont pour seul objectif l’avitaillement complet ou l’ajout de passagers. En effet, ces sauts de puce génèrent plus d’émissions de GES que le transport de passagers par voie terrestre. Compte tenu de l’exiguïté du territoire belge, l’interdiction de ce type de vol n’a de sens que si elle est adoptée au-delà de nos frontières.
Aussi, à l’occasion de la Présidence belge de l’Union européenne, j’ai interpellé à nouveau la Commission européenne en vue d’une interdiction généralisée des sauts de puce à l’échelle de l’Union européenne.
Par ailleurs, la compensation des émissions de GES des vols a été tentée par le passé par plusieurs acteurs (aéroports d’Eindhoven et de Cologne). Ces compensations étaient laissées à la libre appréciation du voyageur et n’ont rencontré que très peu de succès (environ 0,1 % des passagers). En réalité, la compensation automatique des émissions de GES des vols ne peut fonctionner que si elle est envisagée à l’échelle de l’Union européenne, à peine de voir certaines compagnies aériennes délocaliser leurs activités vers d’autres aéroports moins regardants.
En regard des émissions de l’aviation internationale, la part des émissions de GES attribuable aux activités aéroportuaires apparaît relativement réduite. La Déclaration de politique régionale 2009-2014 prévoit la réalisation d’un « bilan carbone » pour les deux aéroports régionaux et la comparaison des résultats avec les aéroports situés dans un rayon de 600 km.
Bien entendu, avec le concours des sociétés d’exploitation et de la SOWAER, les aéroports wallons ont d’ores et déjà pris un certain nombre de mesures visant à limiter l’impact de leurs activités sur l’environnement.
Pour l’aéroport de Liège, Liege Airport a instauré un système de gestion de l’environnement qui est certifié conforme à la norme ISO 14001. Parmi les plans d’actions menés par Liege Airport, plusieurs concernent directement la réduction des émissions de GES. Ainsi, par exemple, il est prévu d’établir un cadastre énergétique, de se procurer les nouvelles fournitures en énergie 100 % verte et de réaliser le chauffage du nouveau bâtiment administratif à partir de la géothermie. De même, un système souterrain d’alimentation en kérosène est actuellement installé afin de diminuer les déplacements des camions avitailleurs.
Pour l’aéroport de Charleroi, Brussels South Charleroi Airport (BSCA) a fait réaliser un « bilan carbone » et s’apprête à lancer un plan d’actions ambitieux visant à réduire tant ses émissions directes (bâtiments, véhicules, déplacements domicile-travail, … ) que ses émissions indirectes de GES (passagers, partenariats avec les compagnies aériennes, les fournisseurs, les concessionnaires, … ).
Des actions concrètes ont déjà été engagées telles que, par exemple, les prises électriques permettant aux pilotes de couper les réacteurs à l’arrêt, les chariots à bagages électriques, la bagagerie automatisée, la production de chaleur au moyen d’une cogénération à huile végétale, l’amélioration nette de l’efficience énergétique de la nouvelle aérogare, les interconnexions existantes avec la gare de Charleroi et les grandes villes par bus et bientôt avec les trains à grande vitesse.
Enfin, la comparaison des émissions des aéroports wallons par rapport à d’autres est particulièrement difficile à réaliser, car elle dépend du périmètre retenu par les différentes études et des facteurs d’émission sélectionnés pour transformer les données d’activité en émissions de GES.
Cependant, au vu des nombreuses actions menées ou à mener et énumérées ci-dessus, l’honorable Membre aura compris que les aéroports wallons affichent fièrement l’ambition d’être les plus éco-efficients en matière d’émissions de GES.