L’impact du sel de déneigement sur l’environnement
- Session : 2010-2011
- Année : 2011
- N° : 441 (2010-2011) 1
Question écrite du 17/01/2011
- de BOLLAND Marc
- à HENRY Philippe, Ministre de l’Environnement, de l’Aménagement du Territoire et de la Mobilité
Pendant la saison hivernale, les routes wallonnes subissent l’assaut de la neige et les pouvoirs publics utilisent massivement du sel pour remplir leurs obligations de sécurisation des voiries.
Dans d’autres pays, l’utilisation du sel semble limitée : soit des interdictions partielles, soit des quotas, soit d’autres procédés de déneigement. Ces mesures sont prises pour des raisons de protection de l’environnement.
Monsieur le Ministre a-t-il une idée du tonnage moyen déversé chaque année en Wallonie sur nos routes. Dispose-t-il d’une analyse scientifique permettant de mesurer l’impact sur l’environnement de ces déversements massifs de sel ?
Que pense Monsieur le Ministre des mesures visant à limiter l’usage du sel prises dans certains pays ?
En la matière, la Wallonie compte-t-elle en rester à l’utilisation du sel principalement ou Monsieur le Ministre compte-t-il étudier avec son collègue responsable des routes, des mesures alternatives ?
Réponse du 11/02/2011
- de HENRY Philippe
POUR CE QUI CONCERNE L’IMPACT DES EPANDAGES DE FONDANTS SUR L’ENVIRONNEMENT
Le chlorure de sodium est aujourd’hui le fondant le plus couramment utilisé pour le traitement hivernal.
Certains bassins d’orage, en bordure des autoroutes, ont été spécifiquement conçus pour diluer les sels avant leur rejet dans un cours d’eau protégé (exemple: bassin de la Cedrogne sur l’E25 dans la région de la Baraque de Fraiture et bassin de la Semois, sur l’E411, dans la région d’Arlon).
Il n’est cependant pas possible, financièrement, de prévoir pareil équipement à chaque exutoire; les autres bassins sont donc principalement conçus comme régulateurs de crue et zone de stockage en cas de risque de pollution par les hydrocarbures ou autres produits dangereux.
La direction générale opérationnelle des Routes et Bâtiments de la Région wallonne est cependant sensible à l’incidence que le service hivernal peut avoir sur l’environnement.
Ainsi, dans le cadre d’une Commission permanente de la Viabilité hivernale (instituée en octobre 1998), un contrat d’étude de l’influence des fondants routiers sur les eaux souterraines avait été confié à la Faculté des Sciences Appliquées « Service d’Hydrogéologie » de l’ULB, voici plusieurs années.
Cette étude géochimique approfondie sur les aquifères de deux sites sensibles (le premier sous influence d’un dépôt de sel et le second à proximité d’une route appartenant au réseau à grand gabarit) a montré que l’état général de ces aquifères restait·très favorable, exception faite de cas ponctuels toujours liés à une activité industrielle autre, proche du captage.
Il faut ajouter que depuis maintenant près de quatre ans, l’administration a généralisé et uniformisé les épandages humidifiés: à savoir un traitement avec chlorure de sodium (gemme ou raffiné) additionné de saumure de chlorure de sodium (épandage dit 30/70 à savoir 30 grammes de saumure chlorure de sodium pour 70 grammes de chlorure de sodium sec).
Le fondant est ainsi « collé » sur le revêtement et la réaction de mise en solution est accélérée.
En outre, la largeur d’épandage a pu être réduite afin d’éviter les projections directes sur les accotements.
La mise en place du programme METEOROUTES permet d’intervenir à bon escient, au moment opportun, et de limiter ainsi les épandages préventifs.
Enfin, un système de suivi par gps est mis en place sur les circuits autoroutiers. Il permet de contrôler le bon respect des directives précitées en matière de largeur et de taux d’épandage.
On peut estimer que ces dispositions ont permis de réduire notablement la consommation de fondant.
POUR CE QUI CONCERNE LA QUESTION GENERALE DE L’EMPLOI DE TECHNIQUES ALTERNATlVES AU SALAGE
La direction générale des Routes et des Bâtiments se montre toujours attentive à l’apparition de nouveaux fondants ou à l’existence sur le marché de produits susceptibles de rencontrer le double objectif d’améliorer le coefficient de frottement tout en faisant disparaître le verglas ou la neige résiduelle.
Je voudrais rappeler que jusqu’aux années 60 (période à laquelle le salage s’est ensuite imposé) les gestionnaires de voiries avaient recours à l’utilisation d’abrasifs sous forme de sable, gravillons ou de scories. Outre que l’efficacité de tels produits était limitée et n’engendrait qu’une légère amélioration du coefficient de frottement des voiries verglacées ou enneigées, ils présentaient surtout l’inconvénient de s’accumuler dans les caniveaux, avaloirs et égouts au point de porter atteinte au bon écoulement des eaux.
En tant que pouvoir public, la DGO1 doit également être attentive à ce que les techniques utilisées puissent concilier respect de l’environnement, des véhicules et des revêtements avec un coût budgétaire raisonnable. A ce niveau, les fondants utilisés aujourd’hui demeurent les plus compétitifs.
Pour ce qui concerne l’utilisation de produits alternatifs lors des basses températures, il est recommandé par le SPW d’utiliser du chlorure de sodium jusque – 8°, un mélange de chlorure de sodium et de chlorure de calcium jusque – 18°, voire du chlorure de calcium au-delà de ces températures.
Concernant l’utilisation de sucre, une expérience pilote a actuellement lieu en Suisse, dont il ressort des résultats satisfaisants mais un coût 10 fois plus élevé que celui du chlorure de sodium. Pour ce qui est des laitiers, ceux-ci doivent être réservés aux cas les plus extrêmes, avec des températures inférieures à-20°.
L’utilisation d’équipements infrarouges n’est pas envisageable à l’heure actuelle, compte tenu à la fois des équipements disponibles, du coût et du coté marginal de cette technique.
POUR LES PERSPECTIVES D’AVENIR
La Commission permanente de Viabilité hivernale vient d’être chargée d’étudier toutes les nouveautés existantes dans les domaines suivants :
* Informations météorologiques ;
* Matériel d’épandage et de déneigement;
* Aspects sociaux et juridiques des interventions hivernales;
* Capacités et modes de stockage et de gestion des réserves de fondants;
* Fondants alternatifs à l’offre existante;
* Stratégie hivernale en ce qui concerne les niveaux de service et la communication aux usagers.
Elle s’est déjà réunie le 14 décembre 2010 et le 18 janvier dernier pour étudier ces thèmes.
Enfin, la consommation annuelle moyenne de sel en Région wallonne est de 81 tonnes, avec des variations assez sensibles en fonction de la rugosité du climat.