Pour une politique globale, cohérente et efficace contre la pauvreté !
Dans la Libre de ce 8 janvier, M. Emonts s’insurge en qualité de Président de la fédération des CPAS de Wallonie, contre la suppression du poste de Président de CPAS à BLEGNY.
Il en tire des conclusions diverses, considérant notamment cette suppression comme une insulte au travail des 261 autres Présidents de CPAS de Wallonie, un non respect des travailleurs sociaux, une marginalisation de l’action sociale.
L’information sur laquelle se base M. Emonts est tout à fait fausse : le poste de Président de CPAS de Blegny N’A PAS été supprimé. Cette suppression serait d’ailleurs illégale. Ce que nous avons supprimé, comme l’autorise le Décret wallon pour les communes de moins de 20.000 habitants, c’est un poste d’Echevin !
L’économie qui en résulte nous a notamment permis de créer dés ce mois de janvier 10 emplois « article 60 » pour les personnes exclues du chômage qui vont se présenter aux portes de notre CPAS.
Ceci étant dit, la réaction de M. Emonts pose plusieurs questions et mérite quelques remarques.
La politique sociale de BLEGNY, comme c’est le cas dans beaucoup de petites et moyennes communes, est tout à fait respectable et ne mérite pas le mépris exprimé par le Président de la Fédération des CPAS. Quand on est Président d’une Fédération, il faut tenir compte de l’ensemble des membres et de leur diversité évidente. S’il est vrai que les centres urbains ont des problèmes inquiétants par rapport à la montée de la pauvreté, les petites communes n’en sont pas responsables. En réagissant comme il l’a fait, M. Emonts se positionne davantage comme Président du CPAS de Liège que comme Président d’une Fédération ; c’est dommage car la lutte contre la misère mérite mieux que d’opposer les rats des villes et les rats des champs… ce qui revient à donner aux rats des villes l’occasion de trouver des excuses face à des situations souvent inextricables.
La lutte contre la misère demande de réfléchir d’abord au financement équitable de l’action sociale. En tenant compte des charges pesant sur les centres urbains, mais aussi en tenant compte des recettes dont bénéficient les petits CPAS, qui sont bien moins importantes : remboursement du RIS moins élevé, dotation au fonds des communes moins élevées, accès aux plans « grandes villes » impossible, etc.
Plutôt que de se battre contre le rapprochement entre CPAS et communes, ce qui, d’un point de vue global nie des situations de terrain évidentes et ne nous semble pas conforme à l’intérêt général, les responsables de CPAS feraient mieux de commencer à réfléchir par bassins, afin de mettre en place des stratégies collectives et mutualisées.
Notre Bourgmestre a formulé cette proposition à de multiples reprises au sein des instances politiques auxquelles il participe : nous n’avons jamais entendu de la part des responsables de grandes villes une réponse enthousiaste, voire même simplement encourageante.
Les communes petites et moyennes contribuent déjà très largement à la mutualisation des charges pesant sur les centres urbains, au travers de la réforme des polices, du financement des pensions, et aujourd’hui au travers de la réforme des zones d’incendie. Pour cela, elles contribuent aux charges des centres urbains, mais elles ne reçoivent aucun moyen pour le faire !
Nous sommes certains que les Bourgmestres et les Présidents de CPAS des petites et moyennes communes accepteraient de s’asseoir autour de la table pour réfléchir à une façon plus globale d’agir sur les nids de misère et de pauvreté, car le problème nous concerne tous, au-delà des frontières administratives.
Pour cela plusieurs conditions : d’abord, ne pas uniquement se voir présenter la facture, mais aussi participer aux sources de financement ; ensuite, être respectés pour le travail important et utile que leurs travailleurs sociaux mènent sur le terrain ; enfin, que les présidents des centres urbains prennent leur responsabilité en suscitant ce débat car c’est à eux de le faire.
La misère et la pauvreté sont des problèmes trop importants. Elles méritent autre chose que des querelles institutionnelles ou des disputes de chapelle.
Elles méritent une vision d’envergure, pragmatique, tenant compte de la diversité des réalités de terrain.
Les petits CPAS, leurs mandataires et leurs travailleurs ont, eux aussi, droit au respect !
Marc BOLLAND Myriam ABAD PERICK
Bourgmestre de BLEGNY Présidente du CPAS de BLEGNY
Annexes :